Daba signifie « Maintenant » en marocain. Pour Oum, donner ce titre à son troisième album revient à lier l’expérience d’hier à celle qui se détermine dès l’instant présent : arrivée à une certaine maturité artistique, la chanteuse unit dans ce « maintenant » des éléments traditionnels, arabes et sahraouis, et des emprunts discrets à des esthétiques plus contemporaines, la soul, le jazz et à la transe électro.
Originaire de Casablanca, Oum El Ghaït Ben Essahraoui s’est d’abord destinée à l’architecture avant de choisir d’embrasser une carrière dans la musique. Elle attire alors l’attention des médias, qui l’assimilent à la Nayda, mouvance de jeunes musiciens marocains attirés par les sonorités plus urbaines. L’autrice et compositrice commence à écrire pour la première fois en darija, dialecte courant arabe marocain.
Après Soul of Morocco en 2013 et Zarabi en 2015, avec ce troisième disque Daba, Oum franchit un nouveau cap. Elle se rend avec ses musiciens à Berlin afin de réaliser un disque à la fois atmosphérique et dansant, dont la direction artistique a été confiée à la poétesse, chanteuse et oudiste palestinienne Kamilya Jubran. Pour Oum, cette double orientation reflète une sorte d’état d’urgence qu’elle décrit comme dynamique : être ensemble, partager de bons moments lui apparaît comme une nécessité d’autant plus forte qu’aujourd’hui, les moyens de communication et de transport tendent à refaçonner radicalement l’expérience du monde et de l’autre.
L’orchestration de Daba demeure globalement acoustique, mais quelques sons électroniques habillent pour la première fois les chansons, comme pour évoquer par échos des problématiques plus contemporaines traitées dans les paroles de l’album ; la nature menacée, le sort réservé aux migrants, le statut des femmes, mais aussi une exhortation de vivre pleinement dans le présent. Oum se positionne ainsi comme une Marocaine, une Africaine et une femme du monde convaincue que les barrières culturelles pèsent moins que ce qui peut nous rassembler.
Pour créer Daba, Oum s’est entourée de Yacir Rami (oud), Damian Nueva (basse électrique), Camille Passeri (trompette), Carlos Mejias (saxophone & machines) et Amar Chaoui (percussions)